Si comme moi vous parlez deux langues (ou plus), il vous arrive sûrement de mélanger des expressions ou des structures, parfois involontairement et sans même vous en rendre compte. Jusqu’à ce que…
📚 vous deviez étudier la langue dans ses moindres détails pour passer un examen
🫡 ou que vous tombiez sur des puristes de la langue qui vous le font remarquer de façon plus ou moins aimable – j’ai récemment découvert l’existence des « grammar nazis », vous connaissiez ?
Personnellement, les anglicismes ne me dérangent pas et j’en emploie souvent, pour différentes raisons. Mais je trouve toujours intéressant de savoir d’où viennent certaines expressions ou utilisations, qu’elles soient considérées comme correctes ou non. J’espère que vous aussi – et sinon, tant pis 🤷🏻♀️
Dans le même genre que le mot alternative (dont j’ai parlé ici www.ceylan-correction.ch/post/anglicismes-alternative), voici le mot opportunité :
👉🏻 En anglais, opportunity s’utilise pour parler d’une occasion :
If you get the opportunity to go to London, don’t miss Camden Town!
Il est synonyme de possibilité, de chance, voire (surtout au pluriel) de perspective d’avenir :
Young people don’t have many opportunities in this country.
👉🏻 En français, selon le Robert, l’opportunité est le caractère de ce qui est opportun, et on peut le remplacer par à-propos, bien-fondé ou pertinence.
Je ne remets pas en cause l’opportunité de votre choix, mais d’autres sont plus sceptiques.
S’en servir pour parler d’une occasion est considéré comme abusif (impropre, nous dit même l’Académie française) car c’est un anglicisme.
Soit.
Pour illustrer l’emploi du mot, ce même dictionnaire propose des phrases exemples tirées de divers médias. Or, l’écrasante majorité de ces phrases utilisent opportunité avec le sens d’occasion ! Il semblerait donc qu’à l’usage, ce soit bien l’anglicisme qui soit le plus courant, malgré les recommandations des gardiens de la langue… 🧐
Là où le débat devient vraiment intéressant, c’est lorsqu’on regarde l’étymologie et l’histoire du mot. Car aux XIIIe et XIVe siècles, opportunité était déjà utilisé comme synonyme de possibilité et occasion, et ce n’est qu’au XVIIe siècle qu’on lui a fait prendre ce caractère opportun aujourd’hui officiellement préconisé. Curieux, non ? 🤨
Alors finalement, ne devrait-on pas discuter de l’opportunité – dans son acception officielle de pertinence – de certaines décisions et recommandations concernant le « bon usage » du français ? Réfléchir sur la langue, n’est-ce pas une belle opportunité – ou une occasion, si vous préférez – de la dépoussiérer et de la faire évoluer ? 🤔
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